L'écrivain, Tahar Ben Jelloun, a
publié : " La nature créée des différences, la société créée des
inégalités". Le cas du handisport est l’un de ses exemples existant, et
c’est celui que nous développerons dans la suite.
En 2019, sur 67 millions de français environ 12 millions sont handicapés, les handicapés ne sont pas une simple minorité dans la population française. Or, les handicapés ont tendance à être marginalisés par le reste de la population.
En effet il n’y a seulement que 5 % des handicapés qui pratiquent une activité sportive en club, en revanche nous atteignons environ 22,5 % pour les non handicapés. Et pourtant en 2002, Jacques Chirac disait déjà, que l’une de ses trois priorités étaient d’améliorer la place qu’avait les handicapés dans la société... Ses deux autres priorités étant, le cancer et la sécurité routière. Ces deux dernières priorités ont effectivement pris de l’importance, mais le handicap plus de 15 ans après, n’a toujours pas la place qu’il devrait avoir.
La pratique d’un sport est un élément vital, car elle permet au pratiquant de préserver une bonne santé ou de l’améliorer, de développer l’estime de soi-même, de développer des liens sociaux. Juvénal disait : « Un esprit sain dans un corps sain ».
Toutefois les personnes handicapées et plus précisément les personnes handicapées mentales, pour la majorité d'entre elles, ne pratiquent pas d’activités sportives, ce qui, en plus, d’accroître leur déclin physique, voir intellectuel, les rend plus dépendantes, pouvant engendrer une exclusion sociale, dû à leur isolement et leur sédentarisation.
C'est pourquoi la situation concernant les personnes pratiquant le handisport, commence à être prise en main.
La prise de conscience, face à la gravité de ce que le manque de sport peut engendrer, a incité différentes institutions à essayer d’intégrer les personnes handicapées au sein de clubs sportifs, en adaptant leurs salles, en valorisant leur image sociale et en essayant d’agir avec l’aide de professionnels formés si cela est nécessaire.
La médiatisation est d’une importance cruciale pour le développement des différents sports, notamment pour le développement des Jeux paralympiques.
En effet, après les Jeux olympiques, les clubs sportifs ont toujours remarqués, une hausse d’inscription. Le but étant désormais, d'obtenir le même résultat, après les Jeux paralympiques, ce qui permettrai d’encourager plus de personne en situation de handicap à pratiquer une activité sportive. La médiatisation permet de rappeler les vertus du sport et motiver certaines personnes à se lancer dans la pratique d’une activité sportive.
La place du handisport dans les olympiadesPour évoquer la place du handisport dans la société, nous nous aiderons régulièrement des Jeux paralympiques pour commencer, étant sa plus grande vitrine.
Tout d’abord, il faut savoir que les premières olympiades pour les athlètes handicapés ont eu lieu en Italie, dans la ville de Rome, en 1960. Lors de celles-ci, seuls 300 sportifs ont concouru.
Aux olympiades de Rio, les dernières en date, 4300 sportifs concouraient, une évolution assez importante a donc eu lieu.
En France, ce n’est qu’en 1964 que la Fédération des sports pour les Handicapés Physiques a été créée. Et en effet, le développement du handisport s’est accentué ces trois dernières décennies.
Auparavant, les personnes handicapées étaient exclues de la communauté sportive, à présent nous essayons de les intégrer, c’est pourquoi, le rôle des fédérations sportives pour handicapés est important pour la reconnaissance de l’institution.
Cependant pour que les téléspectateurs apprécient de regarder un sport, il faut en comprendre les règles.
Or, le handisport est une catégorie difficile d’approche. Tout d’abord, certaines disciplines sont adaptées pour être pratiquées, tel que le cyclisme, l’équitation, le judo…

Toutefois il existe également des pratiques
uniquement paralympiques, tel que le rugby ou le basket en fauteuil roulant.

Ensuite, les catégories sont différenciées en
fonction de la nature et de la gravité du handicap, c’est pourquoi, on
différencie les épreuves des athlètes handicapés moteurs, des malvoyants de
celles des non-voyants. Le but étant à chaque fois de concourir contre les
adversaires ayant un handicap similaire. Voilà ce qui explique la multitude de
catégories.
Les téléspectateurs pas ou peu familiarisés, peuvent donc ne pas apprécier les subtilités du handisport.
Ayant pleinement conscience, de la difficulté de compréhension des règles adaptées à tous les handicap, l’actuel président de la fédération française handisport et son équipe ont décidés d’expliquer les compétitions, le déroulement et la catégorisation, en détail, lors des diffusions des Jeux paralympiques.
La médiatisation du handisport et son évolution 
Emmanuelle Assmann, présidente du Comité
Paralympique Français, explique : «[Désormais,] les athlètes [handicapés]
ont enfin un retour, ils ressentent l'enthousiasme ou la déception[, selon
leurs performances, de la part de leurs supporters.] (…) on a tellement été
dans l'ombre que la médiatisation on la prend, même si on souhaite qu'elle
porte sur les performances sportives, sur le changement de regard, sur
l'intégration de toute personne qui a une différence dans la société ».
Concernant la dernière idée évoquée par Emmanuelle Assmann, Oscar Pistorius en
est le parfait exemple.
Lorsqu'il a compris que ce que cherchait les médias n'était pas a vanter ses mérites, mais à avoir du sensationnel, il s'est alors mis à raconter son histoire.

En effet auparavant, il y a 15 ans, en
2004 « Lors des Jeux paralympiques, une ancienne épéiste avait dû envoyer
un télégramme à son père pour lui dire qu'ils avaient remportés une médaille.
L'anonymat était complet », décrivait l'ancienne épéiste.
La médiatisation du handisport, a non seulement un objectif pour la santé, le sport permet de maintenir les individus en bonne santé, mais la médiatisation a également un but politique, législatif et économique.
Pourtant les médias préfèrent moins en parler. En effet ils préfèrent aborder des sujets qui leur plaît, plutôt que se pencher sur le vrai problème, tel que les inégalités entre le sport conventionnel et le handisport.
La pratique sportive, par des personnes souffrant de handicap, n'est pas très médiatisée, est cela pour plusieurs raisons… Comme expliqué par, Matthieu Grossetête et Dominique Marchetti, : « Telle qu’elle est structurée en France, la question du handicap concentre de nombreuses propriétés défavorables à sa médiatisation : la rivalité qui oppose les principales associations et les personnes handicapées elles-mêmes, le manque de financement de ce secteur mais aussi ses difficultés à enrôler des célébrités en raison de l’intensification de la concurrence avec d’autres causes jugées plus nobles au sens médiatique. » De plus, le fait que le groupe que forme les handicapés ne soit pas un groupe uniforme, complexifie la chose car leurs déficiences n'est pour chacun, pas la même. Un handicapé physique et un handicapé mental n'auront pas les mêmes difficultés : si pour l'un, il sera difficile d'être autonome ou de former un collectif, pour l'autre ce ne sera pas la même difficulté.
Depuis les dernières olympiades, nous avons pu remarquer une nette amélioration de la médiatisation des Jeux paralympiques.
En effet, si nous remontons seulement une dizaine d’années en arrière, en 2008 à Pékin, la couverture médiatique en France, n’était que de 3 heures.
En 2010, un bref résumé de 7 minutes sur France 3 des meilleurs moments de la journée était effectué pour en parler.
Ensuite, aux Jeux paralympiques de Londres en 2012, le temps de diffusion était de 35 heures dont 1 heure de direct sur 300 au total.
Ce score prouve certes, une amélioration, pourtant certains journalistes qualifient tout de même cette diffusion comme un fiasco : trouvant qu’une heure de direct était un score lamentable.
Cette olympiade a été l’élément déclencheur, car en Angleterre le public était au rendez-vous, les médias britanniques également.
En 2014, à Sotchi, en Russie, la diffusion des jeux paralympiques d’hiver, a atteint les 60 heures. Puis en 2016, aux olympiades d’été de Rio, 660 heures ont été diffusées, dont une centaine d’heures dédiées au handisport.
Le succès s’est fait ressentir : effectivement plus de 13 millions de français ont suivi au moins 15 minutes de l’événement sur France 2 ou France 4. Cette évolution a certes été remarquée par les téléspectateurs, mais surtout par les athlètes eux-mêmes, qui ont constatés et ont pu profiter des tribunes pleines, avec le soutien des spectateurs.
Il y a quelques années, le fait de ne pas diffuser le handisport gênait les sportifs handicapés, ils avaient l’impression qu’ils ne méritaient pas d’être diffusés.
Si cette diffusion c’est trouvée réalisable, c’est pour la simple et bonne raison que le groupe a bénéficié d’un budget conséquent, concernant le handisport.
Effectivement les années précédentes, comme l’a dit dans une interview le président de la fédération, le budget mis à disposition pour les Jeux Olympiques est supérieur, seulement 9 millions de dollars sont mis à disposition pour les Jeux paralympiques contre 40 millions pour les Jeux olympiques.
Différentes problématiques causés par le manque de
médiatisationMalgré les efforts que tentent de faire aujourd’hui les médias, les inégalités entre la médiatisation des Jeux paralympiques et des Jeux olympiques reste très importantes.
Pourquoi la société a t-elle tant de mal à trouver de l’intérêt au handisport ?
Précédemment, nous avons dit que cela été causé par la difficulté à comprendre les différentes règles et catégories... Cela est également dû a une idée intégrée par la société.
La relation existante entre le sport et le handicap est une relation paradoxale, car elle se construit souvent à l’aide de notions opposées, tel que capacité/incapacité, maladie/santé, etc. Oui car jusque dans les années 1970, l’opinion public pensait que les handicapés mentaux étaient malades.
De plus, la société ne met pas en avant le sportif tel qu’il devrait l’être, une personne talentueuse, mais plutôt comme un handicapé courageux.
On ressent cette image d’une part, parce-qu’on le veut, d’autre part car c’est l’image que véhicule les médias.
Ils reçoivent, analysent et médiatisent leurs informations à travers le filtre d’handicapé. Or, ce n’est pas ce que souhaite les sportifs : en effet Delphine Sausse a dit « j’ai voulu dépasser les limites que le handicap m’a imposé. Je n’ai pas l’impression d’avoir plus de mérite que les autres. J’ai voulu refaire ce que je faisais avant. ».

Dans la médiatisation du handisport, la performance n’est pas mise en avant comme elle peut l’être pour les sportifs valides.
L’inclusion des handicapés dans la société et l’égalité, sont quant à elle mise en avant, c’est pourquoi les phrases tel que «avec le sport, il est entré dans la vie, il n’est plus exclu.»
Les inégalités dans la médiatisation du sport, ne sont pas sans conséquences, comme nous pourrions le penser. Tout d’abord, le nombre de licenciés s’en fait ressentir comme nous l’avons dit précédemment, seulement 5 % des personnes en situation de handicap, pratiquent une activité en club, ce qui contribue à la marginalisation de ces personnes.
Ensuite, le budget concerné est moindre que si la médiatisation mettait plus en avant le handisport, en effet actuellement il y a un manque de formation dans l’encadrement, certains équipements ne sont pas accessibles, car leur coût est trop élevé.
Pour les sportifs qui souhaitent devenir professionnels, une difficulté de taille se présente : le financement... Un athlète qui a souhaité rester anonyme, explique la difficulté de ceux qui tentent d’aller concourir aux Jeux paralympiques : "J'avais réussi à me déplacer en utilisant l'argent de la fédération des valides, qui avait accepté de m'aider. Une autre fois, j'avais économisé pendant un an, j'ai aussi lancé une campagne de financement participatif. Mais cette année, je n'ai eu que 100 euros de subventions, et encore, on devait la partager avec trois personnes. Alors j'ai jeté l'éponge.".
Néanmoins Sami El Gueddari, en charge du haut niveau à la Fédération française de handisport explique à son tour : “Nous avons 12 millions d'euros de budget annuel. Sur tout ça, seuls 4 millions sont alloués au haut niveau. Nous aimerions faire plus pour nos athlètes, mais avec cette somme, il faut mettre des entraîneurs à disposition, organiser des stages et financer la participation aux Jeux paralympiques, c'est très juste”.
Effectivement, ce que tente d’expliquer Sami El Gueddari, est que le budget est bien trop insuffisant pour ce que nécessite le handisport, car les personnes handicapées mentales, celles atteintes de troubles psychiques, les malvoyants ou les non-voyants, ont tous des besoins différents à mettre en place, tous coûteux.
Certains auront donc besoin de saisir et comprendre l’organisation, d’autres juste d’accompagnements car l’appellation « handicapé » est très vaste.
Malgré tout, une évolution encourageante !En 2003, 578 clubs de handisport existaient contre 818 clubs en 2009.
Ensuite le nombre de licenciés entre 2002 et 2008, a quasiment doublé : passant de 25000 à 42000. C’est en diffusant les Jeux paralympiques, que l’on éveille le spectateur aux valeurs du sport, qu’ils découvrent de nouvelles disciplines et de lui donner envie de les pratiquer.
Le handisport est un secteur qui souhaite prendre de l'importance dans l'estime des téléspectateurs d'une part, mais également dans l'estime des handicapés qui ne pratiquent pas encore d'activité sportive.
http://www.handisport.org est un site qui incite notamment les personne en situation de handicap à pratiquer une activité sportive.